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Sunday, 12 August 2007

Peut-on croire aux coïncidences?

Je me rappelle, d'ailleurs c'est toujours d'actualité, que pour draguer une fille, on faisait passer plein d'évènements comme de la pure coïncidence, des rencontres, des petites phrases, des intérêts communs, etc, histoire de dire que le destin nous fait des clins d'oeil et que ce sont des signes qui ne trompent pas (sic)...
Selon l'état d'esprit de la fille, et mes compétences (assez nulles), ce stratagème permet quelques fois de toucher au but.

Détrompez-vous, je ne vais pas étaler ma vie privée sur ce blog, ça n'a pas une grande importance. Par contre, ce qui peut attirer l'attention, c'est qu'une coïncidence, que je trouve assez grossière, vient d'être annoncée dans les journaux dominicaux. Il s'agit à la fois des nouveaux prix des produits céréaliers et des nouveaux patrons de la censure et/ou propagande en Tunisie. Commençons par l'estomac, l'esprit pour plus tard.

Le pain donc a vu son prix augmenter, ou plutôt son poids diminuer, histoire de faire original. Car à défaut de creuser dans les poches, la directive maintenant est de creuser dans les ventres. Pas mal comme politique de diversion, mais le fait est là: on profite de l'été pour passer des mesures très impopulaires (Téméraire a écrit un poste très intelligent sur ça), et en plus, on les cache derrière une fête nationale (celle de la femme). C'est très mesquin comme stratégie.

La deuxième mesure comprend la nomination des boss de l'information en Tunisie. Honnêtement, leur curriculum vitae est assez étoffé et même impressionnant pour certains, et pour faire naïf, on pourra dire qu'ils sont qualifiés pour démarrer le très gros chantier de la mise à niveau (pour faire genre stylé RCD) de notre presse nationale. Cependant, je ne vois pas trop comment ils pourront se différencier de leurs prédécesseurs, càd avoir le courage, la lucidité et l'innovation du vrai travail de journalisme.

Annonçant ces deux mesures de manière simultanée, notre Zine national aurait-il opéré un changement dans sa politique? Après l'élévation du droit de bouffe au niveau des droits universels de l'homme, et le foutage de la liberté d'expression aux chiottes (dixit Poutine), oserait-il inverser cette tendance avec moins de pain dans la bouche et plus d'intelligence dans les journaux?

En tout cas, j'ai l'impression qu'il lance une opération de charme un peu tardive envers son peuple, mais manque de pot, rares sont les tunisiennes (et les tunisiens) qui croient aux coïncidences pour se laisser ensorceler. Parole de mjarreb!

Friday, 10 August 2007

La longue descente aux enfers de la Tunisie

Pour marquer le cinquantenaire de l'indépendance, le Monde Diplomatique a publié un dossier fort intéressant sur la Tunisie. L'article en question, dresse un état lamentable de la situation du pays. Personnellement, je pense qu'il n'a pas tort. Où va donc notre pays?

Appuyé par des hommes de confiance qu’il avait connus dans les rangs de l’armée et les couloirs du ministère de l’intérieur, M. Ben Ali put ainsi faire main basse sur les institutions. Les mesures annoncées à cor et à cri au lendemain du coup d’Etat – abolition de la présidence à vie, promesses de démocratisation – apparurent bientôt comme de la poudre aux yeux, surtout après les mascarades électorales successives et la réforme de la Constitution de 2002. Celle-ci accroissait les pouvoirs déjà excessifs du président et lui permettait de briguer de nouveaux mandats à partir de 2004, mais aussi de bénéficier d’une immunité judiciaire à vie.

En septembre 2005, la Chambre des députés, réunie en session extraordinaire, adoptait un texte de loi accordant des avantages aux « présidents de la République dès la cessation de leurs fonctions » et à leurs familles en cas de décès. La hâte avec laquelle la loi a été votée, signée par M. Ben Ali et publiée au Journal officiel en toute opacité, n’a pas manqué d’intriguer, à un moment où les rumeurs persistantes sur l’état de santé du président redoublaient d’intensité. Entre autres aberrations, cette loi place les enfants du couple présidentiel au-dessus de la Constitution, qui garantit dans son article 6 l’égalité des citoyens : ils continueront d’être pris en charge par le contribuable jusqu’à l’âge de 25 ans, et non jusqu’à 20 ans comme le reste des enfants des retraités de la fonction publique.

Le principe d’égalité des droits, des devoirs et des chances n’a jamais été aussi malmené depuis l’indépendance. Les principaux bénéficiaires de la privatisation des entreprises publiques, des créances bancaires douteuses et du marché noir florissant se recrutent de plus en plus parmi les membres de la « famille régnante », comme on appelle les parents, frères, sœurs et alliés de M. Ben Ali et de son épouse Leila Trabelsi.

Plusieurs d’entre eux ont un pied dans le public et l’autre dans le secteur privé. Ils utilisent leur influence pour devenir encore plus riches en jouant les courtiers dans différents domaines, y compris celui de l’emploi, alors que le marché du travail est incapable d’absorber un flux croissant de jeunes. Selon Hassine Dimassi, professeur d’économie et ancien doyen de la faculté de droit de Sousse, le nombre réel de chômeurs diplômés est deux fois plus important que l’évaluation des statistiques officielles (quarante mille). « La société dépense un argent fou pour former des quasi-analphabètes réduits au chômage. Cela crée une tension terrible dans les ménages et l’ensemble de la société », explique-t-il. Et de mettre en garde contre les risques de rester les bras croisés face à la dégradation effarante de la qualité de l’enseignement, et de voir se transformer des centaines de milliers de jeunes chômeurs en « bombes à retardement ».

Sunday, 5 August 2007

Mabrouk ya Tounis

Pour fêter le cinquantenaire de la proclamation de la république, le journal La Presse, porte parole de la rhétorique présidentielle, brosse un tableau reluisant de l’état général du pays de la politique suivie. Je vais reproduire quelques passages et notes, sans commentaires, car les meilleures blagues, c’est celles qui ne nécessitent aucune explication :

- Dignes et souverains : Emploi (sic), Démocratie (re-sic), Solidarité (on va dire pas sic), Droits de l’homme (sic3), Education (ça tends vers sic).

Désolé, c’était plus fort que moi, mes mains ont écrit toutes seules

- République : La république est une forme d’organisation politique d’un Etat dans laquelle le chef dudit Etat est élu. (…) Forme très ancienne d’organisation du pouvoir, la république a évolué depuis, tout en se positionnant toujours en opposition à la monarchie dans laquelle le pouvoir est héréditaire et où le Chef de l’Etat, appelé roi, étend sa souveraineté sur les habitants du pays sur lequel il règne qui sont ainsi ses sujets.

- Avec l’avènement de l’ère du Changement, le Président Zine El Abidine Ben Ali va focaliser toute sa stratégie politique sur l’homme, et va s’appliquer, dès le début, à asseoir les droits de l’homme dans toutes leurs dimensions, et à en élargir la portée, tout en en diffusant la culture et en en multipliant les mécanismes.

- Cette consolidation décisive des droits de l’homme et du citoyen face à la justice et à l’administration d’Etat va être accompagnée d’une claire affirmation des libertés publiques sous la forme du rétablissement dans leurs droits des centrales syndicale et patronale, doublé de l’affirmation de leur pleine indépendance, ainsi que par la reconnaissance des courants politiques et leur entière implication dans le débat national.

Par contre, ça, c'est du vrai, complètement, et ingrat celui qui dirait le contraire.

- En rompant avec la présidence à vie et en reconnaissant solennellement la maturité du peuple tunisien et sa pleine aptitude à établir un système politique évolué matérialisant sa souveraineté, la Déclaration du 7-Novembre a ouvert une nouvelle page dans l’histoire de notre pays.

- La liberté d’expression est une réalité vécue au quotidien dans notre pays et une composante essentielle du projet civilisationnel que la Tunisie s’emploie à édifier depuis l’avènement du Changement et qui est basée sur l’ancrage des traditions de dialogue, la consolidation des fondements de l’édifice démocratique pluraliste et la consécration de la solidarité entre les différentes catégories sociales.

- La Constitution tunisienne, celle du 1er juin 1959, a connu en 2002 une révision des plus importantes présentée comme l’expression d’une réforme constitutionnelle destinée, au fond, à assurer une rénovation de la République et à lui donner un nouvel élan, voire un nouveau souffle.

- L’amendement de la Constitution, de 2002, a fait l’objet d’un référendum : le peuple tout entier a été appelé à se prononcer par oui ou par non relativement à un projet de réforme qui introduisait dans notre loi fondamentale un certain nombre de modifications. Certaines, parmi ces dernières, étaient d’ordre plutôt technique et concernaient, par exemple, des dispositions se rapportant à la relation entre le pouvoir judiciaire et le justiciable. D’autres, rappelons-nous, avaient introduit des nouveautés importantes dans le paysage du pouvoir législatif : en particulier la Chambre des Conseillers, grâce à laquelle notre système législatif passait au bicaméralisme et ouvrait de nouvelles perspectives de participation des compétences nationales à l’élaboration de la loi. D’autres encore se rapportaient aux dispositions de notre système électoral et conféraient, dans le même temps, des prérogatives élargies au Conseil constitutionnel en tant que garant de la conformité de leur déroulement au texte et à l’esprit de la loi.

Sunday, 22 July 2007

Quand le désespoir souffle sur la barque...

Qu'est ce qui pousse des jeunes à fuir leur pays comme la peste, par tous les moyens? Qu'est il arrivé à nos concitoyens pour qu'ils essaient de quitter ce sol si cher pour eux, à n'importe quel prix? Est-ce le désespoir? Est-ce l'avidité?
Chacun a ses raison, déclarées ou cachées, mais ce genre de drame, relaté par l'hebdomadaire Courrier International, fait vraiment mal au coeur. Surtout quand on connaît la suite d'une telle mésaventure. Allah yahdihom...

Dans la soirée du mercredi 18 juillet 2007, une embarcation transportant 22 immigrants clandestins africains fait naufrage à 25 miles de l'île de Lampedusa (Italie), à mi-chemin entre le nord de la Libye et l'Italie. Des pêcheurs tunisiens interviennent pour sauver le groupe d'immigrés qui se trouvaient à bord de l'embarcation. Remontés à bord du bateau de pêche tunisien, les clandestins ont reçu les premiers soins, des couvertures et de la nourriture. En guise de remerciement à leurs bienfaiteurs, les 22 clandestins, dont quatre femmes, ont pris en otage les membres d'équipage du bateau de pêche.

Les marins avaient entrepris de ramener les naufragés vers les côtes tunisiennes. C'est à ce moment-là que les clandestins se sont insurgé. Armés de couteaux, ils se sont attaqué aux membres de l'équipage. En un laps de temps très court, les pirates ont réussi à paralyser le mouvement des marins. Ils les ont ensuite obligés à faire demi-tour vers les côtes italiennes. Heureusement, avant la prise de contrôle du bateau, l'un des membres de l'équipage a réussi à donner l'alerte.

Deux vedettes et un hélicoptère des garde-côtes italiens ont été dépêchés sur les lieux. Le capitaine Michele Niosi de la marine italienne a mené les opérations de sauvetage. Selon lui, "les insurgés se sont rebellés en réalisant que le bateau se dirigeait dare-dare vers les côtes tunisiennes. Or, ils voulaient se rendre coûte que coûte en Italie".

Escortée par la marine italienne, l'embarcation a regagné le port de la Goulette jeudi 19 juillet 2007 au matin. Les 22 immigrés ont été arrêtés et mis sous le contrôle des autorités judiciaires tunisiennes. Ils devraient être inculpés d'acte de piraterie. D'ailleurs, on croit savoir que le ministère public compte activer la loi antiterroriste qui s'intéresse justement à ce genre de crimes.

Personnellement, je ne vois aucun lien entre piraterie et terrorisme, car ramener le misérable Ben Laden au même niveau que l'immense Barberousse serait une parjure et une insulte à tous les corsaires des mers et océans.

Source

Monday, 9 July 2007

Destin cyclique

J’ai l’impression que mon pays, la Tunisie retient son souffle, et appréhende la période à venir. Le pays est conscient qu’il a atteint un palier critique de son histoire et de son développement, et du comportement de son peuple et de ses dirigeants dans les prochains mois, va dépendre son avenir tout au long de ce 21ème siècle. Ni plus ni moins, à mon humble avis.

Soit le pays se libère, et il sera sur les bon rails pour attaquer le nouveau siècle et millénaire dans les temps (un peu comme la Yougoslavie, l’Ukraine, la Géorgie, la Mauritanie, l’Afrique du Sud, le Chili, le Pérou etc., même si chaque pays est un exemple particulier), soit il est parti pour 10 ans encore avec B.A, et 30 ans avec son successeur, qui sera probablement de la même trempe. En gros, si ce n’est pas maintenant, au mieux ça ne sera pas avant le siècle prochain.

Il est assez ironique de voir comment l’histoire se répète, comment le temps s’amuse à nous faire tourner en rond, juste pour son propre plaisir, et celui de la clique présidentielle. Le chemin suivi durant 30 ans par la Tunisie entre son indépendance jusqu’au changement, ressemble étrangement à sa progression durant 20 ans, entre ce même changement jusqu’à nos jours. Dans les deux cas, un début dans l’euphorie, des prémices de démocratie et de libertés individuelles accordées, des réformes justes et porteuses et une santé économique encourageante. Puis c’est la stagnation, le contexte mondial difficile (guerres israélo-arabes d’un coté et conflits moyen-orientaux et terrorisme de l’autre) et la période creuse qui mets à mal les réalisations concrétisées. Le pays souffre mais a confiance en son avenir et en ses dirigeants. Et enfin, c’est la descente vers les abîmes, la montée de l’extrémisme islamiste (années 1980 puis années 2000) et la dégringolade vers le ridicule avec un cercle restreint de profiteurs toujours aussi assoiffés de gains faciles (on est passé de Wassila à Leila) et des couches sociales entières qui voient leur gagne pain se rétrécir de jour en jour.

Dans les deux cas, le peuple croyait avoir placé son destin entre des mains responsables qui l’ont non seulement trahi, et de la plus piteuse des manières, mais aussi giflé et torturé. Car au lieu de s’occuper de leurs concitoyens, les dirigeants et la famille présidentielle se sont occupés de leurs richesses et de leurs profits, sans aucun sentiment patriotique.

Et cerise sur le gâteau, nous nous acheminons doucement mais sérieusement vers la même mauvaise blague de la proclamation de la présidence à vie, comme ce fut le cas pour notre ancien président, H.B. Les hommes, le contexte, et les moyens ont changé, mais finalement, le résultat est flagrant : du pareil au même.

C’est le parlement tunisien qui décréta la présidence à vie de Bourguiba, tandis que c’est le peuple tunisien, lors d’un référendum aussi opaque que pervers, qui autorisa son actuel président à se présenter autant qu’il voudra, c'est-à-dire, jusqu’à la mort. Bourguiba ne lâcha le pouvoir que quand il ne put plus se nourrir par lui-même, et gageons que ça sera de même pour son successeur. Bourguiba aura conduit le pays jusqu’à la paralysie, et c’est apparemment vers cette situation que l’y dirige l’actuel résident du Palais de Carthage. Bourguiba poussa le culte de la personnalité jusqu’à penser (et déclarer) que la Tunisie c’est lui et lui, c’est la Tunisie. L’autre y va de sa petite touche romantique, en coloriant tout le pays en violet et en le garnissant partout de ses portraits et du chiffre 7, comme aux temps des rois et califes. Et Bourguiba fut la marionnette de ses proches, et c’est ce qui est en train de se passer maintenant, sous nos yeux indifférents, avec des clans qui se partagent les maigres recettes touristiques, douanières et industrielles du pays. Enfin, Bourguiba mourut pauvre (paix à son âme), tandis que l’autre mourra riche, très riche. Longue vie à B.A.

Thursday, 5 July 2007

Tunisie deuxième république

Cela fait chaud au coeur de constater que, malgré la censure et la difficulté de faire entendre sa voix, des entreprises innovantes et originales voient le jour ici et là pour essayer de porter un message différent de la propagande présidentielle en Tunisie.
Je ne vais pas me permettre de juger le contenu et le but d'une telle initiative, car je n'ai pas encore tout lu ni regardé, mais je pense qu'une telle approche est à encourager, au moins pour la diversité et la variété des propositions dans le paysage tunisiens.

Site: www.tunisiedeuxiemerepublique.org
discours

Sunday, 1 July 2007

Liberté d'expression

Depuis quelques temps, la Tunisie vit une drôle de situation, une situation dorée pour certains, et un enfer selon d'autres. Notre pays n'a jamais été aussi bien classé dans les divers forums économiques, recueillant les notes favorables de plusieurs organismes (ONU, BAD, BM...) et montrant de bonnes intentions pour progresser encore. De plus, les investissements extérieurs reviennent en force, tant parmi les filières classiques (France, Europe...) qui sont attirés par le nouveau plan quinquennal, que parmi les nouvelles filières (Moyen Orient, Inde, Asie...) qui veulent diversifier leurs investissements.

Toute cette situation est certes très satisfaisante, mais l'envers du décors est sombre, très sombre. Notre plan quinquennal se base sur des mensonges, des statistiques et des données erronées, et leurrer les investisseurs ne mènera qu'à notre perte. De plus notre société est muselée, ramenée à un troupeau de bêtes qui obéissent au moindre signe. La classe moyenne s'effrite, se dilue dans la pauvreté et la précarité, et la corruption fait des ravages. Les pauvres s'appauvrissent, les riches, et ils sont peu nombreux, entassent leurs avoirs à l'étranger, et les autres survivent le jour au jour. L'ambition, l'entreprenariat, l'innovation, n'existent plus, et les divers secteurs à forte valeur ajoutée n'arrivent pas à décoller.

Si nous avons pu atteindre un certain degré de développement et de modernité, c'est grâce au travail de plusieurs générations. Seulement, maintenant, cela ne suffit plus. Nous avons besoin de nous remettre en question, de nous demander si la voie suivie est la bonne, si cette direction est celle qui correspond à notre pays. Le pays a besoin d'un nouveau souffle, d'une bouffée d'oxygène, et ce climat de musellement et de censure qui sévit à travers le pays, ne fait que détruire le fruit de tant de labeur.

En Tunisie, l'autocritique n'existe pas, à aucun niveau. Pire encore, la critique est interdite, et sévèrement punie. Le système de feedbacks, qui permet aux classes inférieures d'interpeller les couches dirigeantes, n'a jamais été mis en application. Un employé qui fait une remarque à son chef, un enfant à ses parents, un étudiant à son professeur, un citoyen à un représentant du gouvernement, est ignoré, méprisé et au mieux, moqué. Je vous laisse imaginer le pire.

S'exprimer librement est un droit, mais il devient un devoir devant tant d'injustices, d'errements et de corruptions. Il est garanti par la loi, mais puni par cette même loi. Il est exigé par le président, mais interdit par ses propres subordonnés. Notre liberté d'expression est un droit non négociable, une exigence, et un impératif pour toute société qui veut progresser. Car c'est de cela qu'il s'agit, ce n'est pas parler pour parler, mais pour discuter, bâtir, rectifier et améliorer. Nous avons atteint un niveau où, sans cette liberté de s'exprimer, nous ne pouvons que régresser. Irrévocablement.

Thursday, 14 June 2007

1 de julio, escribo para la libertad de palabra

Et donc voila, la journée du premier juillet a été choisie pour la consacrer à une sorte de militantisme pour la liberté de la parole en Tunisie (voir ici). Il est important que le maximum de blogs participe à cet évènement qui sera, je l'espère, le premier d'une longue série. Cet effort commun, concerté, entre des personnes qui ne se connaissent que par pseudonymes pour la plupart, est une lueur d'espoir et un souhait pour le changement, un vrai. Cette volonté commune ne doit pas se dissiper dès la première difficulté, et portera le plus longtemps possible, ce désir pour une Tunisie en harmonie avec sa conscience.

Sunday, 10 June 2007

Je blogue pour la liberté de la parole

L’idée d’organiser une manifestation massive pour la liberté de la parole en Tunisie est bonne et surtout faisable. J’ai découvert cette initiative sur les posts de samsoum et ALGY, et le moins qu’on puisse dire, est que ça ne laisse pas indifférent.
Cependant, plusieurs points doivent être discutés et débattus. Voici quelques interrogations qui me viennent à la tête :

  • La démarche devrait avoir une stratégie de ‘marketing’, c'est-à-dire sensibiliser le maximum de gens, même pourquoi pas, des média externes. Pour cela le contenu et la date de cette publication seront déterminants pour produire un petit impact. Déjà, la fête de la République se profile à l’horizon, ça serait porteur de déclencher le premier coup lors de cette journée, par exemple. Nous savons tous que durant ce genre de dates, il y a une sorte d’effervescence qui entoure tout ce qui touche à la Tunisie de la politique, et nous pourrions profiter de cela. Dans tous les cas, une date symbolique jouerait le rôle de catalyseur et il faudrait se mettre d’accord sur ça.
  • Autre point, quoi écrire ? Ce n’est pas facile de ‘pondre’ un bon post, même si les sujets ne manquent pas. Une idée serait de rédiger un post commun, qui sera publié par tous les blogs. Une sorte de lettre par exemple adressée à notre Zine national à propos de la prochaine blague de 2009. Ceci n’est qu’une suggestion et n’empêchera pas bien sûr chacun de rajouter sa propre touche personnelle. Mais l’effet de masse reste important et devrait être considéré.
  • Samsoum avance le chiffre de 300 blogs, pourquoi pense-t-il que ça serait suffisant ? Y a-t-il quelqu’un qui dispose de statistiques à propos de la censure au bled ? Comment être sûr de se faire repérer, car finalement, c’est le but ultime.
  • Si l’idée prend de l’ampleur, faudrait penser à la relayer, la populariser, et pourquoi pas désigner (élire serait plus approprié, mais bon) quelques personnes pour s’en occuper de façon permanente. Un simple coordinateur pourrait suffire comme début.
  • Enfin, ça m’étonnerait que cette manifestation mène à quelque chose du premier coup, il faudrait viser sur le long terme. Cela signifie une périodicité de l’évènement, une ligne de conduite, mais aussi une capacité à durer, à poster des écrits et à recréer les blogs et les sites qui seront devenus inaccessibles. Ceci implique aussi une récolte efficace des feedbacks, pour pouvoir améliorer et faire vivre cette initiative.
  • And last but not least, t3ich Tounis la3ziza !

Friday, 8 June 2007

C'est comment un tunisien?

Dans une salle de classe, une professeur et un groupe d'étudiants. C'est le premier cours d'anglais de l'année, l'ambiance est détendue. Comme chaque année, à chaque cours, il faut se présenter, exercice plutôt louche et qui met mal à l'aise certaines personnes, moi compris.
Mais là c'est différent. Mes 'hobbies', le nombre de mes frangins, mon dernier voyage, la professeur n'en a cure. Elle veut qu'on mette en avant notre appartenance, nos racines. Et puis argumenter bien sûr. Comme si ce n'était pas assez compliqué, déjà.
Pour montrer l'exemple, elle déclare qu'elle est d'abord texane, puis américaine et enfin parisienne d'adoption. Dans cet ordre précis. Par contre, elle ne se sentira jamais française.
Les quelques étudiants français parlent de leur ville, région, la France. Certains osent dire qu'ils sont européens. D'autres affirment qu'ils sont socialistes ou de droite. Une personne déclare qu'elle est juive. Silence dans la salle.

Le chinois dis qu'il est chinois, point. A la question s'il est communiste, il refuse d'en parler. On dirait qu'il se sent espionné. Une fille parle des ses origines vietnamiennes, mais elle s'attarde sur son attachement à sa banlieue, dans le 95.
J'en profite pour méditer sur ma misère. Que vais-je dire? Tunisien, et puis? Arabe, musulman, africain. Non, africain avant musulman. Au football, je supporterais le Cameroun contre l'Arabie Saoudite. Mais alors, africain serait avant arabe aussi. Ca se complique. Et méditerranéen je le place où? Avant ou après? Je reviens au foot, ma seule référence dans ce moment de solitude. Finalement, africain serait plus approprié.

Je souffle, rassuré. Soudain, je me rappelle mon grand père, avec son barnous (برنوس) berbère. Ah non, pas de ça! Pourtant, ça me brûle, j'ai envie de le dire, mais où le placer? Je n'ai pas envie de refaire mon organigramme, c'est pénible à la fin...

Quand mon tour viendra, je commencerai par "Tunisia has been a vast melting-pot..."

Sunday, 3 June 2007

Surfez, il n'y a rien à voir

Depuis le fameux SMSI à Tunis, on ne cesse de nous marteler que les nouvelles technologies de l’information (TIC) bénéficient d’une politique très volontariste de la part de l’Etat, qui ne rechigne à aucun investissement pour les ancrer dans les habitudes et les réflexes du citoyen. Cependant, la réalité est tout autre. En plus du parcours du combattant qui attend toute personne pour effectuer de telles démarches, et mettant de coté la médiocrité des services proposés par les FAI locaux, les prix de ces prestations reste exagérément cher, trop cher même. Pour une misérable connexion de 512 kbps, il faut débourser à peu près 40 DT mensuels, auxquels il faut rajouter 40 DT aussi pour Tunisie Télécom, frais des communications. Ceci amène tout tunisien désireux d’avoir un bon accès à Internet à débourser pas moins de 80 DT (~ 45 €) par mois, une somme faramineuse pour plus de la moitié de la population. On pourra dire ce qu’on voudra, mais il est totalement hypocrite d’affirmer que les nouvelles technologies constituent une des bases de la politique éducative et sociale du pays.

D’ailleurs, en parlant des prix, au fait il y a un seul prix, les différences entre les principaux fournisseurs (Planet, Topnet, Globalnet et Tunet) étant de l’ordre de 300 millimes. On ne peut s’empêcher de se demander s’ils ne pratiquent pas une « entente illicite », appliquant des tarifs approuvés et négociés entre eux, pour fausser la concurrence. Dans d’autres pays, de lourdes amendes ont été infligées pour ce genre de pratiques. Chez nous, on considère que tout est normal dans le meilleur des mondes.

Sunday, 27 May 2007

Héritage, my sweet dream

Dès qu'on parle de l'héritage politique et social du regretté notre président Habib Bourguiba, et de la ligne de conduite de son successeur sur la chaise, le bien nommé notre Zine national, on évoque la situation dorée de la femme en Tunisie et tous les droits dont elle bénéficie. Oui mais voilà, à tellement se réjouir de ce constat, on oublie qu'il y a bien des choses à corriger et à perfectionner, et que pour progresser, il ne faut pas voir derrière (pays arabes), mais bien devant (pays scandinaves). Dans le journal Le Temps daté du 27 mai 2007, il se trouve qu'on évoque cette situation et une conférence organisée par l'ONFP sur ce sujet.

"La restructuration de la famille et droit successoral en Tunisie" était le thème de la quatrième table ronde des « Cercles de la population et de la santé de la reproduction » organisée vendredi par l'ONFP (Office national de la famille et de la population). (...) Alors que la question d'égalité a été réclamée haut et fort par certains, d'autres ont trouvé ça « choquant » et « inadmissible même ». (...) Pr. Kalthoum Meziou, ancien doyen et professeur à la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis a donné une conférence dans laquelle elle a évoqué le côté historique, les nouvelles lois et « les inégalités » en droit tunisien notamment en ce qui concerne le droit successoral. La conférencière a cité les inégalités en droit tunisien et qui ont toutes un fondement religieux, notemment l'inégalité successorale entre hommes et femmes : "Le droit successoral apparaît de nos jours, au vu de l'évolution du droit de la famille, anachronique. Il véhicule une conception de la famille aujourd'hui dépassée qui n'est plus celle du reste du droit tunisien, ce qui se traduit par des incohérences internes", souligne Pr. Meziou. (...) Elle démontre de façon flagrante "l'absurdité d'un système reposant encore de nos jours sur une conception agnatique de la famille, créant des inégalités entre héritiers du même rang", et elle ajoute : « le droit successoral demeure profondément inégalitaire, encore imprégné d'une conception révolue de la famille. »


Ce qui est le plus intéressant dans l'article, c'est comment le journaliste résume la question et son point de vue:

La question de l'héritage, notamment en ce qui concerne les grandes fortunes, a souvent causé d'énormes problèmes entre les enfants, frères et sœurs du défunt malgré l'existence d'une loi claire basée sur nos croyances culturelles et surtout religieuses. Cependant, l'application de l'égalité entre les deux sexes ne causera-t-elle pas plus de problèmes entre les frères et les sœurs avant même la mort de leurs parents ? Cette égalité souhaitée, par certains, ne bouleversera-t-elle pas notre société ? Plusieurs questions méritent d'être posées à cet effet, mais l'essentiel c'est de savoir si la question d'égalité en droit successoral entre hommes et femmes mérite vraiment d'être posée !


Je me demande pourquoi il ne remet pas en question le droit de la femme au travail, tant qu'on y est.

Source

Saturday, 19 May 2007

La Tunisie, laïque? (bis)

L’expérience tunisienne dans le domaine de la liberté religieuse la rapproche beaucoup du concept de la laïcité tel qu’il est appliqué en France ou en Turquie. Que ce soit dans les rapports entres les gens, dans leurs habitudes et même dans l’organisation générale de la vie publique, l'aspect religieux est très discret et à peine remarqué par le visiteur étranger. Alors, avons-nous vraiment besoin de franchir cette ligne fatale et de balancer notre patrie dans le club, encore très minoritaire, des pays laïcs ? Ne courons-nous pas le risque de déclencher une tornade au sein de la société, pour rien ? Car finalement, qu’apporterait la laïcité à notre pays ? plus de démocratie ? un souffle de liberté ? ou une plus grande visibilité internationale ?
Voici un texte que je trouve convaincant de Tariq Ramadan qui traite de ce sujet :

"La première évidence, qu’il faut absolument contester, est le fait, dans le monde arabo-musulman, pour ne prendre que cet exemple, que tous les « laïcs » sont forcément démocrates. Encore une fois, l’équation simplificatrice qui stipule que dès que l’on défend la laïcité on est forcément démocrate, est non seulement un simplisme politique mais l’utilisation d’une symbolique dont on sait qu’elle fonctionne en Occident. Cela a permis à des gens de justifier au nom de leur référence à la laïcité leur soutien inconditionnel à des dictatures, c’est vrai dans toute l’Afrique du Nord.

Deuxièmement, il est de la même façon faux de dire que tous les démocrates sont forcément « laïcs » au sens où ils se référeraient à cette notion aujourd’hui dans le monde musulman. Vous avez des dynamiques qui ne se référent pas à ce terme -parce qu’elles tiennent à rester en communication avec l’univers symbolique musulman - mais qui sont plus démocratiques que les autres. Cela ne veut pas dire, encore une fois, qu’il faille simplifier les choses, mais les références à une terminologie ne sont pas une garantie de l’attitude politique démocratique dans le monde arabe ou musulman en général.

Troisièmement, il est faux aussi de dire que tous les courants que l’on nomme « islamistes » sont par nature et par essence opposés à des articulations de la laïcité."
Personnellement, je doute que l’instauration de la laïcité puisse apporter quoique ce soit à notre pays, dans l’état actuel des choses. La population a atteint une maturité non négligeable dans sa conception de la pratique religieuse et dans la distinction entre la sphère privée et la sphère publique, et cela devrait suffir pour le moment.
Cependant, ceux qui sont tentés par la laïcité veulent apporter une mauvaise réponse à une question délicate : que faire pour affronter cette montée en puissance du sentiment islamiste et intégriste parmi les jeunes ?
Malheureusement, rajouter une ligne à la constitution stipulant le principe de la laïcité ne changerait rien.

Source

Friday, 18 May 2007

La Tunisie, laïque?

L'immobilisme apparent de la société tunisienne cache dans ses entrailles des mutations aussi profondes que radicales. Il y a surtout deux points de vue, deux orientations qui se disputent le droit de guider et représenter la jeunesse tunisienne, car chacun sait qu'elle ne reconnaît aucune légitimité au pouvoir en place.
Il s'agit de la mouvance islamiste, englobant modérés et radicaux, et de la mouvance laïque, comprenant les différents courants sociaux et libéraux. L'une comme l'autre se targue d'être démocrate, pourfende le régime, et essaie d'avoir une visibilité au sein de l'opinion tunisienne. Et chacun d'eux, ridiculise l'autre, insiste sur ses dangers, et les qualifie d'intégristes pour les uns, et d'impies pour les autres. Voici un avis que je trouve pertinent :

En 2007, la menace qui nous guette réside essentiellement dans les forces rétrogrades et passéistes qui sont prêtes à utiliser la force pour conquérir le pouvoir. Le grand danger de ces gens, c’est qu’ils n’ont pas le même rapport au temps. Ils vivent dans un temps immobile et leur seule référence est historique. Ils puisent leur légitimité dans un passé qu’ils embellissent de toutes les vertus et qu’ils idéalisent pour cultiver une nostalgie qui n’a pas lieu d’être. Ils passent leur vie à ânonner des vérités qui n’en sont plus car tombées en désuétude. Ils s’enferment dans un passé, une forme d’apartheid culturel volontaire, dans lequel on ferme les frontières de son intelligence, on cadenasse son esprit, on veut avoir raison, on est convaincu de sa propre supériorité… On croit tout savoir et on se ferme à toutes les compréhensions nouvelles apportées par la science, mais il faudra bien accepter d’intégrer dans sa réflexion ce que nous savons maintenant avec certitude de nos origines et de nos évolutions. Le grand handicap de tous ces replis culturels consiste à entrer dans sa coquille, frileux et timoré, en refusant de perdre ses repères ancestraux et en cultivant une identité passéiste.

Il ne s’agit pas de perdre sa foi, ni sa croyance en Dieu, il s’agit d’élargir sa compréhension pour percevoir l’ensemble de l’humanité comme un ensemble unique qui vit un destin commun. Il s’agit de voir le Noir, le Blanc, le Jaune comme des êtres de même origine, il s’agit de considérer le Juif, le Chrétien, le Bouddhiste, l’agnostique, l’athée comme appartenant à la même confrérie humaine et que nul n’a raison sur l’autre. Le grand défi qui se posera à l’intelligence humaine sera d’intégrer ces évidences comme les fondements de sa réflexion. La solidarité est le maître mot d’une humanité réconciliée avec elle-même et je suis persuadé que si tous les êtres de bonne volonté mettaient en avant cette notion essentielle, on parviendrait à battre les diviseurs et autres esprits malins qui ont fait de la discorde leur fond de commerce.

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Sunday, 13 May 2007

Si la Tunisie m’était contée...

On évoque souvent, dans des interviews ou des rencontres, cette question existentialiste : qu’emporterais tu avec toi si tu devais partir pour toujours sur une île déserte ? Et les réponses divergent du Coran à une photo de Brad ou de Pamela (selon affinités), en passant par un CD de Fairouz ou un casse-tête chinois.

Alors, une interrogation est venue trotter dans ma tête : qu’emporterais-je de la Tunisie, si je devais la quitter pour toujours? Je vais m’essayer à cet exercice périlleux en me mettant à la place de certaines personnes et imaginer leurs réponses :

En ce qui concerne les bouchers, les épiciers et les hammaça (حمّاص), c’est facile, ça sera une photo de notre Zine national. Dans la solitude, ils auront du mal à se passer de ce visage souriant et de ce regard qui les a déjà accompagné durant toutes leurs journées.

Pour les chômeurs et les sportifs, je pense ça sera une chicha, tandis que les étudiants, les lycéens et les ouvriers opteraient pour un bus (jaune, rouge ou vert, au choix). Pourquoi un bus ? Et bien, je pense qu’à lui tout seul, il représente toute la misère de cette population, et qu’en plus, depuis le temps qu’ils se battent pour en avoir un tout petit bout, maintenant, chacun pourra l’avoir en entier rien que pour soi.

Dans un autre registre, les policiers prendraient un portrait de Bilguécem (أبو القاسم الشابي) et de Benkhaldoun (إبن خلدون) alors que les ménagères tunisoises emmèneraient Carrefour avec elles.

Les plus patriotes choisiront de prendre un bol de lablebi (لبلابي) et se moqueront des romantiques qui emporteraient du jasmin.

Quant à moi, s’il m’était donné de faire un tel choix, je déciderai de prendre toute la misère, la souffrance et l’hypocrisie du peuple tunisien pour m’envoler avec et ne plus revenir.

Wednesday, 9 May 2007

... مهرجان

Sur la une du journal La Presse du mardi 8 mai 2007, on pouvait lire le titre suivant :

« Les participants au 27ème congrès des cités européennes carnavalesques adressent un message de considération au Président Ben Ali ».

C’est vrai qu’après les chauffeurs de taxis, les pèlerins, les footballeurs et les chômeurs, il ne manquait plus que les jongleurs et les cracheurs de feu pour lui demander de continuer l’aventure présidentielle au-delà de 2009. Car finalement, à force de jongler avec les lois de la république et cracher le feu sur tout ce qui bouge, notre Zine national s’est fait un nom parmi les gens du spectacle et des carnavals. Aux dernières nouvelles, il serait pressenti du coté de Rio pour y finir une carrière bien remplie.

Sunday, 6 May 2007

Lettre à mon chéri T…

Darling *,

Depuis que je suis née sur une plage méditerranéenne [1] il y a déjà quelque temps, depuis que j’ai vu la lumière du jour, j’ai entrepris à gravir les échelons pour conquérir le monde, pour m’affirmer aux yeux de tous et imposer ma personnalité. Partie de rien ou presque, se basant seulement sur mes principes et mes valeurs [2], j’ai réussi à prouver mes compétences, faire l’unanimité autour de moi et m’attirer la complicité de beaucoup de monde [3].

Et puis, de complicité en amitié, j’ai réussi aussi à conquérir les cœurs, beaucoup de cœurs. Petits ou grands, riches ou pauvres [4], ils sont nombreux à s’être inclinés devant moi, cherchant mes faveurs et demandant ma bénédiction. Pour être franche, je ne suis pas très boudeuse, loin de là, on dit que je suis facile à aborder, et certains avancent même que je serais fatale [5]. N’en déplaise à ces jaloux, m’approcher, humer mon odeur et sentir mon souffle ne pourrait que te faire du bien et t’apporter la joie de vivre.

Cependant, et contrairement aux autres, toi, tu t’es refusé à moi, faisant le têtu et l’obstiné. Malgré tous mes efforts, malgré mes charmes, tu m’as tourné le dos, sourd à mes doléances et ignorant mon amour pour toi. Toutes mes tentatives sont restées vaines, et mêmes si tu as eu des fois quelques tentations [6], tu as vite fait de retrouver ton attitude méprisante et intransigeante.

Je ne comprend pas ton comportement, comment te refuserais-tu à moi, à tout le bonheur qui t’attend ? Avec moi c’est la sérénité, la paix et la prospérité. Tes enfants [7] seront les miens, et je serai leur plus grand support pour bien mener leur vie respective. D’ailleurs, ils n’attendent qu’un signe de toi pour m’accueillir comme une princesse.

J’ai bien essayé d’amadouer tes amis et voisins [8], pour te rendre jaloux, pour éveiller ta fierté, mais rien n’y fit, tu es resté de marbre, ignorant ma détresse et mes sentiments. Tu n’as donc aucun honneur, aucune dignité ?

Je ne sais plus quoi faire, comment procéder, je suis désespérée. Le temps presse, combien de temps pourras tu me repousser avant de sombrer toi-même dans la déchéance. Car, ce que tu ne veux pas comprendre, c’est que ton salut passe forcément par moi, tu n’as pas le choix, hélas !

Je te supplie, au nom de tes enfants, laisse moi entrer dans ta demeure et mettre de l’ordre dans ta vie.

Signé: Démocratie

[1] Athènes
[2] Libertés individuelles, justice, égalité...
[3] Près de la moitié de l'humanité
[4] USA, la France, l'Inde, Singapoure, Brésil...
[5] il parait qu'elle apporte l'islamisme radical au pouvoir, et donc le chaos
[6] au début des années 1970, puis en 1983 et 1988
[7] les citoyens tunisiens
[8] Mauritanie, un peu le Maroc, Mali, Sénégal, Turquie...
(*) Le chéri est Tounis

Friday, 27 April 2007

Regards sur la Tunisie de la politique

Le parlement tunisien [1], formé de 189 membres, est sensé représenté la société dans sa diversité et ses différentes tendances. Il incarne la volonté du peuple et traduit ses choix et orientations. Si on jette un coup d’œil à sa composition, on se retrouve avec le tableau suivant :

RCD ::::::: 152
MDS :::::::: 14
PUP ::::::::: 11
UDU ::::::::: 7
Ettajdid :::: 3
PSL ::::::::: 1
PVP ::::::::: 1

Ce qui est peut être frappant pour un non tunisien, mais tout à fait normal pour un tounsi wild bled, c’est la mainmise du RCD, et la présence caricaturale des autres partis, plus pour la photo qu’autre chose. Est-ce que cette composition représente vraiment la nation tunisienne ? Est-on homogène à ce point, pour qu’il y ait moins de 20% de débiles ou de supra intelligents ? C’est vraiment une insulte à toute la nation que de prétendre que cette chambre représente quelque chose, car finalement, qui s’y reconnaît ?

Loin de moi est de critiquer le RCD, au pouvoir, bénéficiant de toutes les facilités, et profitant du système sur tous les niveaux. On ne peut lui reprocher de manger le gâteau à lui tout seul, si les autres sont frappés d’anorexie !

Il est vrai que les difficultés sont nombreuses, les obstacles et les intimidations incalculables, et les pressions étouffantes, mais ces partis, dis d’opposition, font ils tout pour grandir et mûrir ? Que font ils pour être connu et reconnu du grand public, pour présenter un programme élaboré et consistant, ou pour s’attirer un minimum de crédibilité et d’audience ? Même sur la toile, ils sont quasi inexistants [2], eux qui se lamentent des coûts d’impressions de leurs journaux, ils font l’impasse sur le média le plus populaire et le moins cher qui ait jamais existé. S’ils espéraient se faire connaître par le téléphone arabe, j’espère pour eux qu’ils ont prévu les délais de livraison.

[1] www.chambre-dep.tn
[2] PUP : www.elwahda.org.tn
PDP : www.pdpinfo.org
FDTL : www.fdtl.org
RCD : www.rcd.tn

Pour plus d’infos : http://fr.wikipedia.org/wiki/Partis_politiques_tunisiens

Sunday, 22 April 2007

Boubaker, ses polynômes et son président

Dans La Presse Magazine de ce dimanche1, il y a un article qui a attiré mon attention de par son contenu et sa structure. Le contenu, intéressant, traite d’une invention en mathématiques, concernant des polynômes, opérée par un chercheur tunisien, Karem Mahmoud Boubaker, fait assez rare pour être signalé. Il brosse un portrait général de ce professeur de l’Enit², essaie d’expliquer sa trouvaille et la situe dans son contexte.
La structure est, quant à elle, encore plus intéressante, puisqu’elle résume en un coup, toutes les leçons de journalisme qu’un bon reporter bien de chez nous doit connaître par cœur : terminer son article par un petit couffin envers notre bien-aimé président. Jugez par vous-même : « Je dédie ce polynôme au Président Ben Ali en hommage aux encouragements qu’il n’a cessé de me témoigner tout au long de ces dernières années ». Je ne sais pas si c’est ce digne professeur, dans un éclair de génie, qui a eu l’idée d’un tel commentaire, histoire de paraître original, ou si c’est notre journaliste, dans un excès de zèle, qui a voulu défrayé la chronique et briser tous les tabous. Dans tous les cas, je trouve l’idée magnifique et j’appelle à ce que tous les articles journalistiques se terminent par un tel hommage, ça serait la moindre des choses.

Revenons maintenant à nos moutons et aux polynômes. Je trouve quand même paradoxal qu’on ose remercier note Zine alors que quelques lignes auparavant, on rapporte implicitement que le professeur trouve beaucoup de mal à mener ses recherches convenablement : « Toutes ses recherches ont été menées en Tunisie selon les disponibilités des laboratoires mis à sa disposition », comprenez c’est très difficile de trouver un ordinateur et les équipements nécessaires pour effectuer les recherches. Un vrai encouragement pour un tel cerveau aurait été de lui fournir un labo tout équipé apte à supporter de lourds calculs et diverses expérimentations.

Sauf si l’effort présidentiel se traduit par des coups de pouces pour l’aider à résoudre des polynômes de Legendre, je ne vois pas en quoi constituent ces encouragements. Car honnêtement, à par peut être lui tendre une matraque pour tracer des lignes, je ne vois pas du tout notre cher président, derrière une paillasse, manipulant les algèbres et jouant avec la théorie des nombres.

1
http://www.lapresse.tn/pdf/magazine/ 2007-04-22_weekend22-04-2007.pdf

²Enit: Ecole Nationale d'Ingénieurs de Tunis

Friday, 13 April 2007

Ca vous dit "tripintunisia.com" ?

La Tunisie est un pays connu pour son accueil chaleureux aux étrangers et ses infrastructures balnéaires qui attirent beaucoup de touristes chaque année. Une grosse partie de ces touristes proviennent des pays européens clients habituels de notre tourisme tel la France, l’Allemagne, et l’Italie. Et ils réservent généralement leurs séjours via les tours opérateurs avec des vols charters et des forfaits tout compris. Cependant, comme chaque industrie, notre tourisme a besoin de diversifier son offre et ses clients, pour progresser et générer plus de gains d’un coté, et pour satisfaire encore plus de touristes, de l’autre.

Il ne s’agit pas de concurrencer le service déjà proposé, et qui tourne à plein régime, à savoir les packages charters, mais de proposer des offres différentes et complémentaires. La concurrence se fait de plus en plus rude dans le secteur, autour de la méditerranée, avec le retour en force des Balkans et du Maroc, et le réveil programmé de l’industrie touristique algérienne et libyenne.

Ainsi, de nouveaux marchés sont à explorer et à tenter, et des services innovants sont à proposer. L’Europe de l’Est, la Russie, la Grande Bretagne, l’Afrique, le Moyen Orient et la Scandinavie sont autant de régions qui ne sont pas exploitées efficacement. D’un coté car leurs exigences sont différentes, et aussi parce qu’ils n’ont pas le réflexe ‘Tunisie’ quand ils pensent au vacances. Une idée à creuser serait de centraliser une partie de l’offre sur un site internet unique destiné au monde entier en général, et à ces populations là en particulier.

L’intérêt d’un serveur de tourisme national est multiple. D’abord, via une campagne de publicité efficace et ciblée, il deviendra une marque connue et reconnue, comme par exemple « www.tripintunisia.com ». Afficher cela dans le métro londonien, dans un journal hongrois ou dans l’aéroport de Dubaï serait à la fois ambitieux et porteur. Ceci bien sûr dans l’objectif de faire acquérir à une nouvelle frange de clients potentiels le réflexe de penser à la Tunisie quand ils programment leurs vacances. Un site est facile de s’en souvenir, facile d’y accéder et facile d’y présenter l’ensemble de l’offre.
Ensuite, internet est devenu un média très populaire, rendant beaucoup de services accessibles à tous. Avec un tel site, ce sont d’autres clients qui seront aussi ciblés, tels les tunisiens vivant à l’étranger, qui n’ont pas besoin d’un vol charter pour venir en Tunisie, et les amis maghrébins, qui viennent généralement en voiture. Tout ce beau monde est habitué à venir sur place d’abord, puis chercher et réserver ensuite. Leur rendre la réservation accessible depuis leurs pays est très stratégique, d’autant qu’ils ont besoin de flexibilité et ne peuvent trouver leurs comptes avec la rigidité des offres tout compris, en termes de dates et de programmes.
Autre avantage non négligeable serait la possibilité qu’un tel site offre d’attirer les gens qui ne peuvent programmer à long terme, tel les touristes de dernière minute, les hommes d’affaires très occupés ou juste ceux qui commencent à penser au weekend 2 jours avant.

Tout ce potentiel avec juste un site et un serveur national est très ambitieux, mais assez réaliste. Par contre, tout cela doit être accompagné de la formation adéquate du personnel, de l’informatisation des hôtels, et de la gestion rigoureuse des offres sur le site. Nous connaissons tous la réalité tunisienne avec le clientélisme, l’interventionnisme et les réservations de dernière minute, mais les hôtels ne sont pas obligés d’offrir toute leur capacité sur ce site, juste une partie pour commencer. Un essai avec des hôtels pilotes serait plus que nécessaire d’ailleurs.