Friday 8 June 2007

C'est comment un tunisien?

Dans une salle de classe, une professeur et un groupe d'étudiants. C'est le premier cours d'anglais de l'année, l'ambiance est détendue. Comme chaque année, à chaque cours, il faut se présenter, exercice plutôt louche et qui met mal à l'aise certaines personnes, moi compris.
Mais là c'est différent. Mes 'hobbies', le nombre de mes frangins, mon dernier voyage, la professeur n'en a cure. Elle veut qu'on mette en avant notre appartenance, nos racines. Et puis argumenter bien sûr. Comme si ce n'était pas assez compliqué, déjà.
Pour montrer l'exemple, elle déclare qu'elle est d'abord texane, puis américaine et enfin parisienne d'adoption. Dans cet ordre précis. Par contre, elle ne se sentira jamais française.
Les quelques étudiants français parlent de leur ville, région, la France. Certains osent dire qu'ils sont européens. D'autres affirment qu'ils sont socialistes ou de droite. Une personne déclare qu'elle est juive. Silence dans la salle.

Le chinois dis qu'il est chinois, point. A la question s'il est communiste, il refuse d'en parler. On dirait qu'il se sent espionné. Une fille parle des ses origines vietnamiennes, mais elle s'attarde sur son attachement à sa banlieue, dans le 95.
J'en profite pour méditer sur ma misère. Que vais-je dire? Tunisien, et puis? Arabe, musulman, africain. Non, africain avant musulman. Au football, je supporterais le Cameroun contre l'Arabie Saoudite. Mais alors, africain serait avant arabe aussi. Ca se complique. Et méditerranéen je le place où? Avant ou après? Je reviens au foot, ma seule référence dans ce moment de solitude. Finalement, africain serait plus approprié.

Je souffle, rassuré. Soudain, je me rappelle mon grand père, avec son barnous (برنوس) berbère. Ah non, pas de ça! Pourtant, ça me brûle, j'ai envie de le dire, mais où le placer? Je n'ai pas envie de refaire mon organigramme, c'est pénible à la fin...

Quand mon tour viendra, je commencerai par "Tunisia has been a vast melting-pot..."

8 comments:

CITIZEN said...

Un tunisne est le fruit d'un brassage qui s'est opéré sur 30 siècle. Plusieurs dimensions composent cette identité tunisiene. Berbère, phénicienne, mauresque, turque, arabo-musulmane, judaïque, africaine, méditerranéenne.....

Téméraire said...

Un brin de réponse dans ma note La Multidentité Tunisienne

SAFOne said...

T'aurait dut répondre : je suis un étre Humain

Naddo_O said...

c'est marrant, il y a tellement d'origines et d'influences mélangées et imbriquées que c'est une galère de se trouver une définition!

ben alors c'est simple, n'en trouvons pas. Nous sommes tunisiens point barre, ça devrait suffir comme définition :)

TUNISIENDOCTOR said...

l'identité tunisienne c'est une "chakchouka" différents ingrédients mélangés et qui donne un excellent plat!!! du n importe koi tunisiendoctor

Sardina said...

C'est vrai, un tunisien, c'est tellement compliqué et simple à la fois, c'est quelque chose d'unique. Ce brassage est notre richesse, peut être notre plus grand point fort.
@metallicnaddou et safone: vous avez raison, mais chacun a besoin de repères pour se définir. Nous ne pouvons parachuter notre tunisianité (si ça se dit) sans considérer nos origines et nos racines. Les énumérer et les étudier est une richesse et non une complexité supplémentaire
@téméraire et citizen: vous faites bien de tout mentionner, de parler de cet aspect multiculturel qui coule dans nos veines, mais, il y en a d'autres. Les andalous (et espagnols de Charles Quint), les maltais, les siciliens, les gênois qui ont conquis Sfax et Mahdia pendnant de longues années, tous ont eu une contribution à la modélisation du tunisien d'auhourd'hui

Freeman said...

ET...c'est ça qui fait notre richesse!!! mais la plupart des tunisiens ne s'en rendent pas compte malheureusement!

Pistache Alpha said...

http://tunisie-harakati.mylivepage.com

On ne peut pas dire qu'une nation a des origines pures, c'est impossible. L'histoire démontre clairement qu'il y a eu trop de brassage de nationalité que se mélange fait la richesse des peuples. Le problème aujourd'hui, c'est ce que devienne ces populations. On observe en Tunisie, une recrudescence des victimes à la Sameh Harakati. Un pouvoir qui a imposée une injustice, certains prétendent que les tunisiens sont des moutons pour se laisser faire de la sorte. Moi je dis que le jour viendra où la Tunisie reviendra à son peuple et non plus au chacal qui la gouverne.

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