Tuesday 24 July 2007

Libération de Me Abbou

Selon différentes sources (parmi lesquelles Le Monde et Jeune Afrique), l'avocat Mohamed Abbou, emprisonné depuis plus de 2 ans pour s'être exprimé librement sur l'état actuel de son pays, a été libéré aujourd'hui mardi 24 juillet. Il bénéficie vraisemblablement d'une grâce présidentielle à l'occasion du cinquantenaire de la déclaration de la république tunisienne. Ce n'est que justice pour un homme injustement condamné et espérons qu'il reviendra à sa famille en bonne santé.

Sunday 22 July 2007

Quand le désespoir souffle sur la barque...

Qu'est ce qui pousse des jeunes à fuir leur pays comme la peste, par tous les moyens? Qu'est il arrivé à nos concitoyens pour qu'ils essaient de quitter ce sol si cher pour eux, à n'importe quel prix? Est-ce le désespoir? Est-ce l'avidité?
Chacun a ses raison, déclarées ou cachées, mais ce genre de drame, relaté par l'hebdomadaire Courrier International, fait vraiment mal au coeur. Surtout quand on connaît la suite d'une telle mésaventure. Allah yahdihom...

Dans la soirée du mercredi 18 juillet 2007, une embarcation transportant 22 immigrants clandestins africains fait naufrage à 25 miles de l'île de Lampedusa (Italie), à mi-chemin entre le nord de la Libye et l'Italie. Des pêcheurs tunisiens interviennent pour sauver le groupe d'immigrés qui se trouvaient à bord de l'embarcation. Remontés à bord du bateau de pêche tunisien, les clandestins ont reçu les premiers soins, des couvertures et de la nourriture. En guise de remerciement à leurs bienfaiteurs, les 22 clandestins, dont quatre femmes, ont pris en otage les membres d'équipage du bateau de pêche.

Les marins avaient entrepris de ramener les naufragés vers les côtes tunisiennes. C'est à ce moment-là que les clandestins se sont insurgé. Armés de couteaux, ils se sont attaqué aux membres de l'équipage. En un laps de temps très court, les pirates ont réussi à paralyser le mouvement des marins. Ils les ont ensuite obligés à faire demi-tour vers les côtes italiennes. Heureusement, avant la prise de contrôle du bateau, l'un des membres de l'équipage a réussi à donner l'alerte.

Deux vedettes et un hélicoptère des garde-côtes italiens ont été dépêchés sur les lieux. Le capitaine Michele Niosi de la marine italienne a mené les opérations de sauvetage. Selon lui, "les insurgés se sont rebellés en réalisant que le bateau se dirigeait dare-dare vers les côtes tunisiennes. Or, ils voulaient se rendre coûte que coûte en Italie".

Escortée par la marine italienne, l'embarcation a regagné le port de la Goulette jeudi 19 juillet 2007 au matin. Les 22 immigrés ont été arrêtés et mis sous le contrôle des autorités judiciaires tunisiennes. Ils devraient être inculpés d'acte de piraterie. D'ailleurs, on croit savoir que le ministère public compte activer la loi antiterroriste qui s'intéresse justement à ce genre de crimes.

Personnellement, je ne vois aucun lien entre piraterie et terrorisme, car ramener le misérable Ben Laden au même niveau que l'immense Barberousse serait une parjure et une insulte à tous les corsaires des mers et océans.

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Tuesday 17 July 2007

Jeu de maux

Le magazine tunisien Réalités nous offre un article flamboyant, dont le titre est passé inaperçu, car maintes fois vu et revu: "20 ans après son accession au pouvoir: xxxxx, un bilan époustouflant".
Détrompez vous, Réalités ne s'est pas encore mise à la mode propaganda présidentielle, comme le fait si bien le quotidien La Presse, mais il s'agit tout bonnement d'une faute grossière. La personne concernée n'est autre qu'Angela Merkel, la chancellière allemande, qui est au pouvoir depuis 20 mois, et non pas 20 ans.
Mais bon, on ne va pas se demander d'où vient un tel lapsus...

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Monday 9 July 2007

Destin cyclique

J’ai l’impression que mon pays, la Tunisie retient son souffle, et appréhende la période à venir. Le pays est conscient qu’il a atteint un palier critique de son histoire et de son développement, et du comportement de son peuple et de ses dirigeants dans les prochains mois, va dépendre son avenir tout au long de ce 21ème siècle. Ni plus ni moins, à mon humble avis.

Soit le pays se libère, et il sera sur les bon rails pour attaquer le nouveau siècle et millénaire dans les temps (un peu comme la Yougoslavie, l’Ukraine, la Géorgie, la Mauritanie, l’Afrique du Sud, le Chili, le Pérou etc., même si chaque pays est un exemple particulier), soit il est parti pour 10 ans encore avec B.A, et 30 ans avec son successeur, qui sera probablement de la même trempe. En gros, si ce n’est pas maintenant, au mieux ça ne sera pas avant le siècle prochain.

Il est assez ironique de voir comment l’histoire se répète, comment le temps s’amuse à nous faire tourner en rond, juste pour son propre plaisir, et celui de la clique présidentielle. Le chemin suivi durant 30 ans par la Tunisie entre son indépendance jusqu’au changement, ressemble étrangement à sa progression durant 20 ans, entre ce même changement jusqu’à nos jours. Dans les deux cas, un début dans l’euphorie, des prémices de démocratie et de libertés individuelles accordées, des réformes justes et porteuses et une santé économique encourageante. Puis c’est la stagnation, le contexte mondial difficile (guerres israélo-arabes d’un coté et conflits moyen-orientaux et terrorisme de l’autre) et la période creuse qui mets à mal les réalisations concrétisées. Le pays souffre mais a confiance en son avenir et en ses dirigeants. Et enfin, c’est la descente vers les abîmes, la montée de l’extrémisme islamiste (années 1980 puis années 2000) et la dégringolade vers le ridicule avec un cercle restreint de profiteurs toujours aussi assoiffés de gains faciles (on est passé de Wassila à Leila) et des couches sociales entières qui voient leur gagne pain se rétrécir de jour en jour.

Dans les deux cas, le peuple croyait avoir placé son destin entre des mains responsables qui l’ont non seulement trahi, et de la plus piteuse des manières, mais aussi giflé et torturé. Car au lieu de s’occuper de leurs concitoyens, les dirigeants et la famille présidentielle se sont occupés de leurs richesses et de leurs profits, sans aucun sentiment patriotique.

Et cerise sur le gâteau, nous nous acheminons doucement mais sérieusement vers la même mauvaise blague de la proclamation de la présidence à vie, comme ce fut le cas pour notre ancien président, H.B. Les hommes, le contexte, et les moyens ont changé, mais finalement, le résultat est flagrant : du pareil au même.

C’est le parlement tunisien qui décréta la présidence à vie de Bourguiba, tandis que c’est le peuple tunisien, lors d’un référendum aussi opaque que pervers, qui autorisa son actuel président à se présenter autant qu’il voudra, c'est-à-dire, jusqu’à la mort. Bourguiba ne lâcha le pouvoir que quand il ne put plus se nourrir par lui-même, et gageons que ça sera de même pour son successeur. Bourguiba aura conduit le pays jusqu’à la paralysie, et c’est apparemment vers cette situation que l’y dirige l’actuel résident du Palais de Carthage. Bourguiba poussa le culte de la personnalité jusqu’à penser (et déclarer) que la Tunisie c’est lui et lui, c’est la Tunisie. L’autre y va de sa petite touche romantique, en coloriant tout le pays en violet et en le garnissant partout de ses portraits et du chiffre 7, comme aux temps des rois et califes. Et Bourguiba fut la marionnette de ses proches, et c’est ce qui est en train de se passer maintenant, sous nos yeux indifférents, avec des clans qui se partagent les maigres recettes touristiques, douanières et industrielles du pays. Enfin, Bourguiba mourut pauvre (paix à son âme), tandis que l’autre mourra riche, très riche. Longue vie à B.A.

Saturday 7 July 2007

Nobles et valets

Ces nobles d'autrefois dont parlent les romans,
Ces preux à fronts de boeuf, à figures dantesques,
Dont les corps charpentés d'ossements gigantesques
Semblaient avoir au sol racine et fondements;

S'ils revenaient au monde, et qu'il leur prît l'idée
De voir les héritiers de leurs noms immortels,
Race de Laridons, encombrant les hôtels
Des ministres, – rampante, avide et dégradée;

Etres grêles, à buses, plastrons et faux mollets: –
Certes ils comprendraient alors, ces nobles hommes,
Que, depuis les vieux temps, au sang des gentilshommes
Leurs filles ont mêlé bien du sang de valets!

Gérard de Nerval

Thursday 5 July 2007

Tunisie deuxième république

Cela fait chaud au coeur de constater que, malgré la censure et la difficulté de faire entendre sa voix, des entreprises innovantes et originales voient le jour ici et là pour essayer de porter un message différent de la propagande présidentielle en Tunisie.
Je ne vais pas me permettre de juger le contenu et le but d'une telle initiative, car je n'ai pas encore tout lu ni regardé, mais je pense qu'une telle approche est à encourager, au moins pour la diversité et la variété des propositions dans le paysage tunisiens.

Site: www.tunisiedeuxiemerepublique.org
discours

Sunday 1 July 2007

Liberté d'expression

Depuis quelques temps, la Tunisie vit une drôle de situation, une situation dorée pour certains, et un enfer selon d'autres. Notre pays n'a jamais été aussi bien classé dans les divers forums économiques, recueillant les notes favorables de plusieurs organismes (ONU, BAD, BM...) et montrant de bonnes intentions pour progresser encore. De plus, les investissements extérieurs reviennent en force, tant parmi les filières classiques (France, Europe...) qui sont attirés par le nouveau plan quinquennal, que parmi les nouvelles filières (Moyen Orient, Inde, Asie...) qui veulent diversifier leurs investissements.

Toute cette situation est certes très satisfaisante, mais l'envers du décors est sombre, très sombre. Notre plan quinquennal se base sur des mensonges, des statistiques et des données erronées, et leurrer les investisseurs ne mènera qu'à notre perte. De plus notre société est muselée, ramenée à un troupeau de bêtes qui obéissent au moindre signe. La classe moyenne s'effrite, se dilue dans la pauvreté et la précarité, et la corruption fait des ravages. Les pauvres s'appauvrissent, les riches, et ils sont peu nombreux, entassent leurs avoirs à l'étranger, et les autres survivent le jour au jour. L'ambition, l'entreprenariat, l'innovation, n'existent plus, et les divers secteurs à forte valeur ajoutée n'arrivent pas à décoller.

Si nous avons pu atteindre un certain degré de développement et de modernité, c'est grâce au travail de plusieurs générations. Seulement, maintenant, cela ne suffit plus. Nous avons besoin de nous remettre en question, de nous demander si la voie suivie est la bonne, si cette direction est celle qui correspond à notre pays. Le pays a besoin d'un nouveau souffle, d'une bouffée d'oxygène, et ce climat de musellement et de censure qui sévit à travers le pays, ne fait que détruire le fruit de tant de labeur.

En Tunisie, l'autocritique n'existe pas, à aucun niveau. Pire encore, la critique est interdite, et sévèrement punie. Le système de feedbacks, qui permet aux classes inférieures d'interpeller les couches dirigeantes, n'a jamais été mis en application. Un employé qui fait une remarque à son chef, un enfant à ses parents, un étudiant à son professeur, un citoyen à un représentant du gouvernement, est ignoré, méprisé et au mieux, moqué. Je vous laisse imaginer le pire.

S'exprimer librement est un droit, mais il devient un devoir devant tant d'injustices, d'errements et de corruptions. Il est garanti par la loi, mais puni par cette même loi. Il est exigé par le président, mais interdit par ses propres subordonnés. Notre liberté d'expression est un droit non négociable, une exigence, et un impératif pour toute société qui veut progresser. Car c'est de cela qu'il s'agit, ce n'est pas parler pour parler, mais pour discuter, bâtir, rectifier et améliorer. Nous avons atteint un niveau où, sans cette liberté de s'exprimer, nous ne pouvons que régresser. Irrévocablement.