Sunday 6 May 2007

Lettre à mon chéri T…

Darling *,

Depuis que je suis née sur une plage méditerranéenne [1] il y a déjà quelque temps, depuis que j’ai vu la lumière du jour, j’ai entrepris à gravir les échelons pour conquérir le monde, pour m’affirmer aux yeux de tous et imposer ma personnalité. Partie de rien ou presque, se basant seulement sur mes principes et mes valeurs [2], j’ai réussi à prouver mes compétences, faire l’unanimité autour de moi et m’attirer la complicité de beaucoup de monde [3].

Et puis, de complicité en amitié, j’ai réussi aussi à conquérir les cœurs, beaucoup de cœurs. Petits ou grands, riches ou pauvres [4], ils sont nombreux à s’être inclinés devant moi, cherchant mes faveurs et demandant ma bénédiction. Pour être franche, je ne suis pas très boudeuse, loin de là, on dit que je suis facile à aborder, et certains avancent même que je serais fatale [5]. N’en déplaise à ces jaloux, m’approcher, humer mon odeur et sentir mon souffle ne pourrait que te faire du bien et t’apporter la joie de vivre.

Cependant, et contrairement aux autres, toi, tu t’es refusé à moi, faisant le têtu et l’obstiné. Malgré tous mes efforts, malgré mes charmes, tu m’as tourné le dos, sourd à mes doléances et ignorant mon amour pour toi. Toutes mes tentatives sont restées vaines, et mêmes si tu as eu des fois quelques tentations [6], tu as vite fait de retrouver ton attitude méprisante et intransigeante.

Je ne comprend pas ton comportement, comment te refuserais-tu à moi, à tout le bonheur qui t’attend ? Avec moi c’est la sérénité, la paix et la prospérité. Tes enfants [7] seront les miens, et je serai leur plus grand support pour bien mener leur vie respective. D’ailleurs, ils n’attendent qu’un signe de toi pour m’accueillir comme une princesse.

J’ai bien essayé d’amadouer tes amis et voisins [8], pour te rendre jaloux, pour éveiller ta fierté, mais rien n’y fit, tu es resté de marbre, ignorant ma détresse et mes sentiments. Tu n’as donc aucun honneur, aucune dignité ?

Je ne sais plus quoi faire, comment procéder, je suis désespérée. Le temps presse, combien de temps pourras tu me repousser avant de sombrer toi-même dans la déchéance. Car, ce que tu ne veux pas comprendre, c’est que ton salut passe forcément par moi, tu n’as pas le choix, hélas !

Je te supplie, au nom de tes enfants, laisse moi entrer dans ta demeure et mettre de l’ordre dans ta vie.

Signé: Démocratie

[1] Athènes
[2] Libertés individuelles, justice, égalité...
[3] Près de la moitié de l'humanité
[4] USA, la France, l'Inde, Singapoure, Brésil...
[5] il parait qu'elle apporte l'islamisme radical au pouvoir, et donc le chaos
[6] au début des années 1970, puis en 1983 et 1988
[7] les citoyens tunisiens
[8] Mauritanie, un peu le Maroc, Mali, Sénégal, Turquie...
(*) Le chéri est Tounis

3 comments:

samsoum said...

Tres beau texte et tres triste, bravo!

Téméraire said...

Je commence à adorer ce Blog.

Anonymous said...

Good for people to know.