Sunday 1 July 2007

Liberté d'expression

Depuis quelques temps, la Tunisie vit une drôle de situation, une situation dorée pour certains, et un enfer selon d'autres. Notre pays n'a jamais été aussi bien classé dans les divers forums économiques, recueillant les notes favorables de plusieurs organismes (ONU, BAD, BM...) et montrant de bonnes intentions pour progresser encore. De plus, les investissements extérieurs reviennent en force, tant parmi les filières classiques (France, Europe...) qui sont attirés par le nouveau plan quinquennal, que parmi les nouvelles filières (Moyen Orient, Inde, Asie...) qui veulent diversifier leurs investissements.

Toute cette situation est certes très satisfaisante, mais l'envers du décors est sombre, très sombre. Notre plan quinquennal se base sur des mensonges, des statistiques et des données erronées, et leurrer les investisseurs ne mènera qu'à notre perte. De plus notre société est muselée, ramenée à un troupeau de bêtes qui obéissent au moindre signe. La classe moyenne s'effrite, se dilue dans la pauvreté et la précarité, et la corruption fait des ravages. Les pauvres s'appauvrissent, les riches, et ils sont peu nombreux, entassent leurs avoirs à l'étranger, et les autres survivent le jour au jour. L'ambition, l'entreprenariat, l'innovation, n'existent plus, et les divers secteurs à forte valeur ajoutée n'arrivent pas à décoller.

Si nous avons pu atteindre un certain degré de développement et de modernité, c'est grâce au travail de plusieurs générations. Seulement, maintenant, cela ne suffit plus. Nous avons besoin de nous remettre en question, de nous demander si la voie suivie est la bonne, si cette direction est celle qui correspond à notre pays. Le pays a besoin d'un nouveau souffle, d'une bouffée d'oxygène, et ce climat de musellement et de censure qui sévit à travers le pays, ne fait que détruire le fruit de tant de labeur.

En Tunisie, l'autocritique n'existe pas, à aucun niveau. Pire encore, la critique est interdite, et sévèrement punie. Le système de feedbacks, qui permet aux classes inférieures d'interpeller les couches dirigeantes, n'a jamais été mis en application. Un employé qui fait une remarque à son chef, un enfant à ses parents, un étudiant à son professeur, un citoyen à un représentant du gouvernement, est ignoré, méprisé et au mieux, moqué. Je vous laisse imaginer le pire.

S'exprimer librement est un droit, mais il devient un devoir devant tant d'injustices, d'errements et de corruptions. Il est garanti par la loi, mais puni par cette même loi. Il est exigé par le président, mais interdit par ses propres subordonnés. Notre liberté d'expression est un droit non négociable, une exigence, et un impératif pour toute société qui veut progresser. Car c'est de cela qu'il s'agit, ce n'est pas parler pour parler, mais pour discuter, bâtir, rectifier et améliorer. Nous avons atteint un niveau où, sans cette liberté de s'exprimer, nous ne pouvons que régresser. Irrévocablement.

6 comments:

nasr said...

La corruption.. el 5onnar!
Je suis tout a fait d'accord avec toi : qu'on laisse nos experts comptables, nos ingenieurs, nos écrivains, nos femmes et hommes de theatre de cinema et d'art en general, qu'on laisse ceux capables de construire ce pays le faire!!
néklou fi flous ettourisme.. une forme de prostitution, une dépenance.
La solution du peuple est dans le peuple.

Téméraire said...

JE ME TAIT et je la ferme.

Anonymous said...

@nasr: je suis tout à fait d'accord avec toi, nous avons le potentiel et les capacités de nous hisser à des niveaux supérieurs, laissons les gens travailler en paix.

@téméraire: ce n'est pas le vrai téméraire qui dit ça, pas celui des posts pertinents et captivants. ça serait dommage de ne plus te lire

Téméraire said...

@Sardina :
Malheureusement, on s'applique de l'autocensure, il y a des limites pour les "non anonymes" et les "traçables" à ne pas dépasser pour ne pas avoir d'ennuis.

Je continue à écrire bien sûr mais tu dois avoir remraqué que j'évite la politique interne.

Anonymous said...

@Téméraire: Je comprends bien ta frustration, et ton dégoût. Oui, j'ai remarqué que tu évitais pas mal de sujets. C'est ton choix, et tu connais mieux que personne ta situation pour savoir de quoi ou de qui parler.

Freeman said...

J’attends avec impatience le jour ou cette liberté passera de l’Internet à la vie de tous les jours, dans les rues, les marchés et partout dans les villes tunisiennes.
Vous avez entièrement raison. Le potentiel est la. Les capacités de la tunisienne et du tunisien sont reconnues dans le monde entier (en particuliers en Europe) mais pas en Tunisie, pas la ou il peuvent contribuer au progrès de leur propre pays.
Restons optimistes.