Thursday 21 June 2007

Le printemps de l'islam

On s'indigne de la distinction de Salman Rushdie par la reine d'Angleterre, et on pleurniche pour la publicité faite à un machin de livre qui insulte l'islam. On va même plus loin en liant ce qui se passe comme atrocités dans les pays musulmans à l'offensive généralisée contre notre religion, dont la dernière boutade fut l'élévation de cet écrivain au rang de chevalier.

Seulement, quand des palestiniens tuent des palestiniens au nom de l'islam, quand des libanais tuent des libanais au nom de l'islam, et quand des irakiens tuent des irakiens au nom de ce même islam, ils portent un préjudice incomparable à celui causé par ce livre misérable.
Et on pourrait encore aller plus loin dans ce sens, avec des marocains, des algériens et des tunisiens, à des degrés divers, tuant leurs compatriotes au nom de cette même religion.

Il est indéniable qu'il y a des manipulateurs, des facteurs poussant vers l'escalade, et des gens ou des pays qui s'activent pour plus de barbarie, mais à terme, qui est-ce qui tiens l'arme? Qui tire sur la gachette? Qui tranche les têtes?

Alors, je me pose la question: entre un livre qui se fait un malin plaisir de caricaturiser notre prophète, et des assassins opérant au nom de ce même prophète, lequel porte vraiment atteinte à notre religion?
Tant qu'on a pas muri, Salman sera toujours notre bouc émissaire. Entre temps, bien des âmes innocentes auront été arrachées à la vie. Ce n'était pas leur jour de chance.

6 comments:

Anonymous said...

"Seulement, quand des palestiniens tuent des palestiniens au nom de l'islam, quand des libanais tuent des libanais au nom de l'islam, et quand des irakiens tuent des irakiens au nom de ce même islam, ils portent un préjudice incomparable à celui causé par ce livre misérable."

Tu ne peux pas dire ça, c'est trop simpliste . On ne peut pas survoler les problèmes comme tu le fais et les imputer à l'islam ou à une interprétation de l'islam .


Ce qui se fait actuellement en règle générale, on peut affirmer que c'est pour une hsitoire de pouvoir et d'argent pour les uns et une volonté de se prémunir contre une agression pour les autres .
Quand je dis agression, le fait de mettre un peuple sous embargo et d'imposer ses directives au clan rivale(comme c'est le cas en palestine), peut être considéré comme une agression .

En irak, c'est encore pire nous avons un pays qui à été envahie avec des chiites(une bonne partie du moins) qui s'en sont réjouis .
Que l'on déteste sadam, je veux bien et que l'on se réjouisse de sa perte ok, mais c'est quand leur pays et leur femmes qui sont violées . Il y a un moment ou il faut se réveiller et arrêter de collaborer . Les harkis algérien l'on fait par le passé et ils ont été méprisés par leur sois disant allié du moment . Faut voir dans quelles conditions ils vievent en ce moment . Idem pour des collaborateurs asiatiques qui actuellement se sont réfugiés dans les forêts du sud-est de ce continent oubliés par les américains . J'ai vu un reportage sur leur conditions de vie, ils sont en éternel mouvement pourchassés par leurs bourreau et leur nombre dimunue sans cesse .
Il n'y a pas besoin d'être musulman pour détester les traitres et les tuer, tu n'as qu'a jetter un oeil sur les livres d'histoire, notamment sur les représailles subies par les collabos français et italiens lors de la libération de leurs pays .
Il y a eu des exécutions, il y eu des attaques, il y a eu des attentats contre toute ou partie de la population qui collaborait .



Même si cela n'apparait pas toujours sur les journeaux, tous les européens qui suivent les conflits du proche-orient l'on bien inclues dans leur vision des conflits . Pourquoi pas vous ?

Jamais personne ne m'a imposé ma façon de voir un conflit et je me fous de ce qui se dit dans certains journeaux qui servent une certaine propagande . Je ne comprends pas que vous n'arrivez pas à faire de même .

Anonymous said...

@libre: Je ne commente pas ces conflits là, et je ne les juge pas. Tout ce qui est relatif à l'atteinte aux personnes est abominable. Je commentais juste l'empressement des musulmans à condamner et pleurnicher quand quelqu'un critique leur religions, car ils sont incapable de faire une autocritique de leur situation.
Je disais juste que c'est malheureux d'agir comme ça au nom de l'islam.

Téméraire said...

Sur la partie qui concerne les Musulmans "Libre" a donné une réponse convenable.

Pour ce qui est Salman Rushdi : quand de tels événements arrivent, nos gouvernements ne font rien pour les cerner parce que ça permet à la foule inculte de se déchainer et de déstresser sans s'exploser sur nos gouvernements.
Disons une canalisation de la charge de révolte vers un autre objectif.

Cela est cyclique et ça arrange tout le monde.

Quel sera le prochain objectif sur la liste ?

Anonymous said...

@Téméraire: T'as tout juste, c'est un moyen d'évacuer la fureur populaire par des voies détournées. Mais c'est tellement humiliant et ridiculisant pour l'islam, on dirait que c'est un bébé qui pleure pour un oui ou par un non

Anonymous said...

Bienvenue en Palestine!

Par Robert Fisk

Ah ! Les Musulmans au Proche-Orient ! Comme ils peuvent être pénibles ! Pour commencer, nous exigeons des Palestiniens qu’ils épousent la démocratie. Mais eux, ensuite, ils élisent le mauvais parti - le Hamas - et après cela celui-ci remporte une mini guerre civile et préside sur la Bande de Gaza. Et nous, les Occidentaux, voulons toujours négocier avec le président discrédité [de l’Autorité Palestinienne], Mahmoud Abbas. La "Palestine" d’aujourd’hui - et laissons ses guillemets à leur place ! - a deux Premiers ministres. Bienvenue au Proche-Orient !

Avec qui pouvons-nous négocier ? A qui nous adressons-nous ? Oui, bien sûr, nous aurions dû parler au Hamas depuis des mois. Mais nous n’aimions pas ce gouvernement démocratiquement élu par les Palestiniens. Ces Palestiniens qui étaient censés voter pour le Fatah et sa direction corrompue. Mais c’est pour le Hamas qu’ils ont voté. Le Hamas qui refuse de reconnaître Israël ou de respecter l’Accord d’Oslo totalement discrédité.

Personne n’a demandé - dans notre camp - quel Israël particulier le Hamas était supposé reconnaître. Israël de 1948 ? Israël des frontières d’après 1697 ? Israël qui construit - et continue de construire - de vastes colonies pour les Juifs et seulement les Juifs sur la terre arabe, avalant encore plus des 22% de la "Palestine" qui restent à négocier ?

Et c’est pourquoi, aujourd’hui, nous sommes censés discuter avec notre loyal policier, M. Abbas, le dirigeant palestinien "modéré". (C’est ce qu’en disent la BBC, CNN et Fox News). Un homme qui a écrit un livre de 600 pages sur [le processus d’] Oslo sans mentionner une seule fois le mot "occupation". Un homme qui a toujours parlé du "redéploiement" israélien plutôt que du "retrait". Un "dirigeant" en qui nous pouvons avoir confiance parce qu’il porte une cravate, se rend à la Maison Blanche et dit toutes les choses qu’il faut dire. Ce n’est pas parce qu’ils voulaient une république islamique que les Palestiniens ont voté pour le Hamas - mais c’est ce qu’on dira après leur sanglante victoire -, Ils ont voté pour le Hamas parce qu’ils en avaient marre de la corruption du Fatah, le parti de M. Abbas, et de la nature pourrie de l’ "Autorité Palestinienne".

Je me souviens avoir été convoqué, il y a des années, chez un officiel de l’Autorité Palestinienne dont les murs venaient juste d’être crevés par l’obus d’un char israélien. Véridique. Mais ce qui me frappa, c’était les robinets plaqués-or dans sa salle de bain. Ce sont ces robinets - ou les choses de cet acabit - qui ont coûté au Fatah son élection. Les Palestiniens voulaient la fin de la corruption - le cancer du monde arabe - et c’est pourquoi ils ont voté pour le Hamas. Et alors, nous, l’Occident si sage et si bon, avons décidé de les sanctionner, de les affamer et de les maltraiter pour avoir voté librement. Peut-être devrions-nous offrir la qualité de membre de l’Union Européenne à la "Palestine" si elle avait la grâce de voter pour les bonnes personnes ?

Au Proche-Orient, c’est partout la même chose.

En Afghanistan, nous soutenons Hamid Karzai, même s’il garde des chefs de guerre et des barons de la drogue dans son gouvernement. (Et, soit dit en passant, nous sommes vraiment désolés pour tous ces civils afghans innocents que nous tuons dans notre "guerre contre la terreur" sur les terres abandonnées de la province du Helmand).

Nous aimons l’Egyptien Hosni Moubarak. Ses tortionnaires n’en ont pas encore fini avec les politiciens des Frères Musulmans, arrêtés récemment à l’extérieur du Caire. Sa présidence a reçu le soutien chaleureux de Mme - oui, Mme - George W. Bush - et dont la succession passera presque certainement à son fils, Gamal.

Nous adorons Muammar Kadhafi, le dictateur fou de la Libye. Ses loups-garous ont assassiné ses opposants à l’étranger. Son complot pour assassiner le Roi Abdallah d’Arabie Saoudite a précédé la récente visite de Tony Blair à Tripoli. Le colonel Kadhafi, devrait-on se souvenir, a été appelé "homme d’Etat" par Jack Straw pour avoir abandonné ses ambitions nucléaires qui n’existaient pas. Et sa "démocratie" nous est parfaitement acceptable parce qu’il est de notre côté dans la "guerre contre la terreur".

Oui, nous aimons la monarchie du Roi Abdallah en Jordanie et tous les princes et les émirs du Golfe, en particulier ceux qui reçoivent des pots-de-vin si gros de nos sociétés d’armement que même Scotland Yard doit clore ses investigations sur les ordres de notre Premier ministre - et oui, je peux très bien voir pourquoi il n’aime pas la manière dont The Independent couvre ce qu’il appelle de façon pittoresque le "Moyen-Orient". Si seulement les Arabes - et les Iraniens - pouvaient soutenir nos rois, nos shahs et nos princes, dont les fils et les filles sont éduqués à Oxford et à Harvard, comme le "Moyen-Orient" serait plus facile à contrôler !

Il s’agit bien de cela - du contrôle - et c’est pourquoi nous tenons bon et que nous retirons nos faveurs à leurs dirigeants. Maintenant que Gaza appartient au Hamas, que vont faire nos propres dirigeants élus ? Tous nos dogmatiques de l’UE, de l’ONU, de Washington et de Moscou doivent-ils désormais parler à ces gens misérables et ingrats (je crains que non, puisqu’ils ne seront pas capables de leur serrer la main) ou devront-ils reconnaître la version cisjordanienne de la Palestine (Abbas, la paire de bras sans danger), tout en ignorant le Hamas élu et militairement victorieux à Gaza ?

C’est facile, bien sûr, d’appeler la malédiction sur chacune de leurs maisons. Mais c’est ce que nous disons de tout le Proche-Orient. Si seulement Bashar al-Assad n’était pas le Président de la Syrie (Dieu seul sait quelle serait l’alternative !) ou si le Président cinglé Mahmoud Ahmadinejad n’était pas aux manettes de l’Iran (même s’il ne sait qu’approximativement ce qu’est un missile nucléaire). Si seulement le Liban était une démocratie bien de chez nous comme nos petits pays de derrière les fagots - la Belgique, par exemple, ou le Luxembourg. Mais non ! Ces satanés Proche-Orientaux votent pour les mauvaises personnes, soutiennent les mauvaises personnes, ne se comportent pas comme nous, les Occidentaux civilisés.

Alors, qu’allons-nous faire ? Soutenir la réoccupation de Gaza, peut-être ? Nous ne critiquerons certainement pas Israël. Et nous continuerons de donner notre affection aux rois et aux princes - et aux présidents disgracieux - du Proche-Orient, jusqu’à ce que toute la région nous pète à la figure. Et, ensuite, nous dirons - comme nous le disons déjà aux Irakiens - qu’ils ne méritent pas notre sacrifice et notre amour.

Comment traitons-nous un coup d’Etat fait par un gouvernement élu ?

(Source: The Independent, le 16 juin 2007)

[article original : "Robert Fisk : Welcome to ’Palestine’"]

Anonymous said...

@libre: merci pour cet article intéressant