Thursday 22 March 2007

And yet he dares to bet ...

Cette semaine, j'ai eu la chance et le privilège de regarder deux bons films tunisiens, plutôt deux très bon films. Il dressent, de façons différentes, mais complémentaires, l'état de la société tunisienne en général et de nous, les jeunes, en particulier.

Le premier film en question, est le fameux VHS Kahloucha de Nejib Belkadhi, film innovant par son thème, sa structure et ses idées. Au-delà de l'histoire de cet homme courageux et passionné, Moncef Kahloucha, ce film dresse un bilan sombre de la vie dans les quartiers populaires tunisiens. Dans cette cité, Kazmet, la jeunesse est aux abois. Entre celui qui se saoule à longueur de journées et celui qui se promène avec un 'satour' (ساطور), le décor est déjà planté. Alors on se dit que le gaillard qui déclare fièrement qu'il n'a jamais travaillé dans sa vie et qui se consacre à se frotter aux touristes est un moindre mal. Par contre, on reste bouche bée devant le fils Kahloucha, l'adolescence bien dépassée, qui rigole quand son père nous informe qu'il ne sait même pas écrire son nom. Pour un pays qui se déclare candidat au rang de dragon du High Tech, c'est tout au plus à un 'fallous' (فلّوس) qu'il lui faudra se mesurer.

Le second film est "Making off" de Nouri Bouzid. Film émouvant, brûlant de vérité et gênant, il s'intéresse lui aussi à la vie de cette jeunesse délaissée et déboussolée dans les cités et villages. A travers l'histoire dramatique du personnage principal Bahta, ses états d'âmes, et les discussions bouillantes entre l'acteur et le réalisateur, les thèmes les plus tabous sont traités et débattus au grand jour. Le film soulève avec doigté des sujets très délicats comme notre relation avec l'Islam, notre identité arabe ou la situation de la femme. Il démontre surtout le sentiment de perdition qui agite la jeunesse et son inculture par rapport aux choses simples de la vie.

"Nous célébrons, (...), la fête de la Jeunesse, qui représente, pour nous, une occasion renouvelée de réaffirmer notre pari sur la jeunesse de Tunisie dans laquelle nous voyons notre avenir prometteur." J'invite celui qui a rédigé cela à voir un petit extrait des films car il saura qu'on lui a menti et qu'il risque de perdre son pari. Vaut mieux tard que jamais!

No comments: